La vie en EHPAD, une équation à 3 inconnues 27 décembre
Pour bien comprendre la situation de nos Maisons de retraite, il faut aujourd’hui considérer 3 paradoxes importants :
1- La mission demandée aux soignants et accompagnants qui consiste à tout faire pour maintenir, voire restaurer l’autonomie des personnes dont nous avons la charge n’est pas valorisée financièrement par les Autorités de tarification, les ARS et Conseils généraux), bien au contraire puisque plus vous hébergez de personnes « lourdes » ayant perdu leur autonomie, plus vous obtiendrez de moyens financiers. Il en va de même pour le forfait soins et les pathologies. Nous sommes donc dans un système ou des choix de prises en charge et de stratégie de projets de soins pourraient être influencés par un « idéal » de population dépendante et malade à héberger, en ayant pour objectif davantage de compenser la perte d’autonomie, plutôt que de viser à la réduire.
2- Le second paradoxe consiste à voir deux cultures qui finissent par s’opposer pour, peut-être conduire vers un non sens. A l’heure ou tout se décline en « projets » (Projet d’établissement, projet de soins, projet de vie,projet d’animation,…) les personnels soignants travaillant dans les maisons de retraite, notamment les aides-soignantes, AMP, ou Infirmières exercent essentiellement dans une « logique métier » ou la logique « de l’honneur » est encore très forte. Autrement dit, c’est souvent le statut, le diplôme, l’appartenance à un « corps » qui dictent les conduites et les mécanismes. Il existe à ce jour une grande difficulté à concilier ces deux logiques au service du résident et de son « projet de vie personnalisé ».
3- Le troisième paradoxe ici évoqué est celui relatif au temps.Il existe en effet un véritable décalage dans la notion de temporalité soignant/soigné. La personne âgée vit avec son rythme, selon sa propre notion du temps. Le plus souvent, sa journée se découpe en « points de repère » comme les repas, le lever, le coucher, parfois l’animation. Entre ces points de repère… parfois bien peu de choses.Les soignants vont vite, toujours plus vite. Les points forts de la journée sont les mêmes, mais il faut agir vite, se conformer à une organisation rigide et mécaniste. C’est ainsi que ces décalages surviennent et que ces 2 populations se côtoient sans jamais être dans la même dimension….